Les résultats des éléctions ne sont pas encore officiels mais tout porte à croire que Ennahdha aura la plus grosse part dans la constituante.
Que les choses soient bien claires:
D'abord, ce résultat, quand il sera proclamé, permettra avant tout de faire un diagnostic sur la volonté du peuple tunisien.
Lorsque le peuple vote en masse pour Ennahdha, l'un des partis qui ont été les plus opprimés par les deux dictatures, ceci montre que l'on veut un changement radical, une rupture avec l'ancien régime. Bien entendu, le fait que Ennahdha est loin d'appeler à une vraie rupture est une autre affaire.
Ensuite, le problème -il y a bien un problème si un parti islamiste arrive a rassembler plus de 30% des voix dans un pays aux traditions laiques- le problème n'est pas tant les tendances salafistes du parti que ses orientations économiques et politiques.
En effet, le vrai danger que représente Ennahdha n'est pas de confisquer les libertés individuelles, mais de maintenir la confiscation de la souverainté de tout le peuple Tunisien en continuant d'appliquer les politiques dictées par les forces impérialistes et les institutions financières internationales, ces politiques qui ne font qu'appauvrir le peuple Tunisien et pouiller ses richesses.
De ce point de vue, le PDP, Ettakattol, le PDM, et tous les partis que se disent libertaires et qui ont signé le fameux plan Jasmin, ne valent pas mieux que Ennahdha.
Dans le cas ou Ennahdha ne rompt pas avec le régime de Ben Ali, chose assez probable, il s'en suivrait naturellement que le peuple Tunisien serait déçu et qu'il réévaluerait ses choix pour se rattraper dans de prochaines occasions. Et c'est là qu'on réaliserait que ce qui est bien avec les démocraties, c'est que les choix que l'on fait, aussi mauvais soient-ils, ne sont pas éternels.
Vive la révolution, pour une tunisie souveraine, sociale, et démocratique (en attendant mieux) !
